Ses grandes découvertes seront fondamentales pour la compréhension de la gravitation. Elles peuvent se répartissent en deux champs :
En 1609, arriva en Italie la nouvelle que les Hollandais utilisent une sorte de tube avec deux lentilles pour faire apparaître plus proches les objets lointains. Galilée s'informant puis expérimentant lui-même améliora le procédé et construit la première lunette astronomique, avec un grossissement de 20. En la pointant vers le ciel, il fit une myriade de découvertes, et vit alors ce qu'aucun homme n'avait vu.
Lunette de Galilée | ![]() |
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La Terre n'était plus alors une anomalie du système solaire, étant la seule à posséder un satellite: Jupiter en possédait aussi. Cette découverte fut d'une telle importance, que Galilée y consacra presque la moitié de l'ouvrage dans lequel il relate ses observations : " Le messager des étoiles "
Après la parution du "messager des étoiles ", l'opinion publique était assez incrédule, s'étonnant qu'un tube avec deux verres suffise à percer les mystères du cosmos. Mais une aide décisive vint de quatre astronomes Jésuites de Rome qui publièrent un texte confirmant la totalité des découvertes de Galilée.
Galilée essayait dans son livre de ne pas paraître trop Copernicien pour éviter la censure de l'église. Cependant, en privé, il était un ardent défenseur de la cause Copernicienne, ce qui le mena pourtant devant les tribunaux, comme on le sait.
L'observation à la lunette apporta deux faits supplémentaires qui devaient porter un coup majeur au système de Ptolémée et d'Aristote :
Les observations de Galilée montrent en définitive qu'il n'y a pas de séparation fondamentale entre le monde Terrestre et Céleste, et que cette division de l'univers en deux mondes n'a plus lieu d'être. De plus, le système de Copernic qui avait mis si longtemps à s'imposer trouvait dans ces observations une justification éclatante.
Les travaux de Galilée visent également la compréhension du mouvement et de la chute des corps. Egalement sur ce plan, Galilée transforme la vision des choses en allant à l'encontre des conceptions Aristotéliciennes et en établissant le premier principe d'inertie (plus tard repris et corrigé par Newton).
Galilée, en voulant étudier avec précision le mouvement des corps, compris, qu'il fallait pour cela isoler au maximum le phénomène physique à étudier, et le libérer de tous phénomènes parasites. C'est là, la base de toute la démarche expérimentale en physique. Pour cela, il construit une série de petites expériences simples.
La chute des corps : La célèbre expérience de la chute des corps depuis la tour de Pise est bien connue (il est probable qu'en fait, Galilée n'a jamais fait cette expérience depuis la tour de Pise), son objectif consiste à mesurer le temps de chute de corps de différentes masses et de différentes natures. Galilée arriva à la conclusion (aujourd'hui classique), que ce temps de chute est le même pour tous les corps, quelque soient leur poids, leur taille et leur nature. En d'autres termes, la vitesse de chute libre est la même pour tous les corps. Cela allait clairement à l'encontre de l'intuition, et Galilée l'expliquait par un raisonnement simple par l'absurde : Supposons qu'un corps plus massif tombe plus vite qu'un corps léger, alors, si on attache à l'aide d'une ficelle une grosse pierre et une petite et qu'on les lâche, la grosse pierre devrait être ralentie dans son mouvement de chute par la petite qui à priori tombe moins vite. Donc le couple petite pierre + grosse pierre tombe moins vite que la grosse pierre toute seule.
Or, le couple petite pierre + grosse pierre est plus lourd que la grosse pierre toute seule, et donc devrait en fait tomber plus vite, ce qui est en contradiction avec ce que l'on a dit plus haut en appliquant un autre raisonnement fondé sur la même hypothèse. Cela est donc incohérent, et notre hypothèse de départ est fausse.
Le principe d'inertie : C'est peut-être là le plus grand apport de Galilée à la physique. En faisant des expériences avec des billes qui roulent sur des plans de différentes natures, il observe que si le plan est très rugueux, la bille s'arrête rapidement, par contre, si le plan est très lisse ou recouvert d'huile par exemple, la bille parcourt une distance beaucoup plus grande avant de s'arrêter. Galilée eut alors l'idée de forces de frottement : le plan rugueux frotte très fortement sur la bille et l'oblige à s'arrêter rapidement, en revanche, sur le plan lisse les forces de frottement sont très faibles et n'empêchent pas la bille de rouler. Dans la vie de tous les jours, les forces de frottement sont partout présentes et obligent les corps à stopper leur mouvement, c'est pour cela que pour entretenir ce mouvement on doit constamment appliquer une force extérieure à un corps pour contrebalancer ces forces de frottement : par exemple, on doit tirer une charrette pour la faire avancer, pour contrebalancer les frottements dus aux pièces mécaniques dans les roues, et également dus au contact avec le sol.
Mais si on pouvait réduire ces forces de frottement à zéro, alors, le corps conserverait son mouvement indéfiniment. C'est en faisant une telle extrapolation que, Galilée donne une première formulation du principe d'inertie : tout corps possède une certaine "inertie " qui l'oblige à conserver sa vitesse, à moins qu'une force extérieure, une force de frottement par exemple, ne l'oblige à arrêter ce mouvement, i.e. à modifier cette vitesse.
Le principe d'inertie sera repris par Newton, qui en fera la pierre angulaire de son oeuvre. C'est une loi dont les conséquences ne sont pas limitées à l'étude de la gravitation, mais qui touche la totalité de la physique.
De ce principe, découle naturellement la notion de force, la plus fondamentale en physique : une force est ce qui modifie le mouvement d'un corps, tant en vitesse qu'en trajectoire. En l'absence de force, le corps poursuit sa trajectoire et conserve sa vitesse. Si une force est appliquée dessus, alors, l'objet modifiera cette trajectoire.
Le principe d'inertie permet d'expliquer également une incohérence apparente du système Copernicien : si la terre n'est pas fixe et possède un mouvement propre dans le système solaire, on ne comprenait pas alors pourquoi, sur Terre, nous ne sentions pas du tout ce mouvement. Comment comprendre que les objets restent collés au sol, même quand rien ne les y rattache ? Par exemple, si je tire une flèche à la verticale, comment comprendre que cette flèche retombe pile à l'endroit d'où elle a été tirée, et pas légèrement à coté, dû au mouvement propre de la Terre par rapport au Soleil ?
Copernic et Kepler eux même n'avaient pas d'explication à cette apparente incohérence, car ils ne connaissaient pas le principe d'inertie. Si nous ne ressentons pas les effets du mouvement de la Terre, c'est que nous sommes entraînés par elle dans l'espace : quand nous sommes reliés à elle sur sa surface, elle nous communique la vitesse qu'elle a par rapport au soleil, et le principe d'inertie nous dit que nous devons conserver cette vitesse, donc ce mouvement. Si la flèche retombe à la verticale, c'est par ce que son inertie l'oblige à suivre la Terre : pendant sa chute, la Terre s'est déplacée par rapport au Soleil, mais la flèche a fait de même, donc au total, la flèche ne s'est pas déplacée par rapport à la Terre.
Enfin, il est important de noter également un résultat moins célèbre de Galilée, mais qui aura une importance fondamentale pour la relativité de Newton, et un principe que reformulera Einstein, celui de la relativité galiléenne. On peut le concevoir également comme une conséquence du principe d'inertie. C'est celui de composition des vitesses. Galilée est le premier à l'avoir formulé mathématiquement, et c'est un résultat bien connu :
Soit un
observateur dans un référentiel R1 qui regarde se déplacer
un objet C à la vitesse V. Alors, un observateur dans un référentiel
R2 qui se déplace par rapport à R1 avec la vitesse Vr, verra
se déplacer C à la vitesse V-Vr (les vitesses sont ici des
vecteurs). C'est le principe de composition des vitesses classique.
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Le bilan scientifique de Galilée est extraordinaire : il révolutionne la vision du monde en observant le ciel, montre que la Terre et Jupiter partage des caractéristiques communes, détruisant ainsi l'idée de la position privilégiée de la Terre dans le Système Solaire, en impose le système de Copernic (après plusieurs batailles avec l'église). Sur le plan de la physique, il a, comme nous l'avons vu, initié la physique expérimentale, et bâti le principe d'inertie qui sera le fondement de toute la physique. C'est sur celui-ci que Newton, va enfin réussir à expliquer le mouvement des corps, non seulement dans le ciel, mais aussi sur la Terre, et donner la première formulation de la gravitation.
Dessin
du système solaire par Galilée. Il y inclut les satellites
de Jupiter.
(cliquez sur l'image) |
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